Les coquelicots : chronique d’un décor floral monumental au coeur de Lausanne
Ca a commencé autour d’un verre au Café des Alliés. Ce jour-là on évoque avec Christophe Dubois, patron des lieux et ami, l’avancée des travaux du bâtiment d’à côté (rue de la Pontaise 46) dont la façade borgne lorgne sur sa terrasse. Il m’apprend que la ville enjoint au Maître de l’Ouvrage d’animer ce triste plan nu par un décor.
Je me mets immédiatement à aimer ces autorités communales et je contacte dans la foulée le représentant du client, monsieur F., directeur des travaux, qui cherchait justement un créateur de fresques murales en Suisse romande.
Bref, première séance de travail : on définit la thématique. Comme le décor sera idéalement visible de la terrasse des Alliés, monsieur Dubois est un interlocuteur incontournable. Sa clientèle sera le public privilégié. Son idée des coquelicots fait immédiatement l’unanimité. J’y vois une extension de la terrasse du café, mais en transposant l’échelle.
Le travail de conception en atelier donne lieu à plusieurs versions à l’aquarelle, certaines « naturalistes », d’autres très stylisées (à voir sur la page dédiée du présent site, rubrique réalisations). La version finale reposera sur un équilibre subtil entre figuration et abstraction. Trois gros coquelicots stylisés de sept à huit mètres carrés chacun se déploieront sur un arrière plan de lignes droites verticales et obliques, vision géométrique des graminées champêtres. D’aucuns y verront quelque chose de japonisant, dans une version très graphique.
Dans ce genre de projet, comme dans la vie d’ailleurs, mieux vaut ne pas être trop pressé. Disponibilité, patience, adaptabilité, créativité bien sûr doivent s’accorder. En l’occurrence, tout s’est enchaîné dans un andante de bon aloi, chose rare dans le milieu de la construction où les retards et ruptures de tempo sont légion. Le premier contact remonte à avril 2016, le projet est validé fin juin et la réalisation in situ a lieu en septembre. La peinture murale m’aura pris trois semaines, dont un jour en mars 2017 pour terminer le bas du décor qui n’avait pu être peint plus tôt à cause des échafaudages.
En avril 2017, la « fresque » fait l’objet d’un article dans le journal 24 Heures. Et un montage vidéo, plutôt bien fait je dois l’admettre, est réalisé par le vidéaste David Guyot. Pour qui prendra le temps d’observer le décor en prenant l’apéro sur la terrasse des Alliés, peut-être verra-t-il/elle une tête de coq dans le coquelicot du bas. Parce qu’on aime le jeu des associations libres…